Ethereum dans le prochain cycle du marché des cryptomonnaies : un bon trade spéculatif, un mauvais investissement ?

Maxime Loves Cryptos
12 min readDec 13, 2018

C’est sans doute une question que beaucoup de monde se pose ces temps-ci : est-ce judicieux de prendre position dans l’Ether en vue du prochain cycle de marché ? Effectivement, Ethereum sera l’un des grands enjeux du prochain cycle économique des cryptomonnaies. Il a un essai à transformer, et sera surveillé du coin de l’oeil par le monde entier, en tant “qu’innovation n°2” de la blockchain, après le Bitcoin lui-même. Sa réussite ou son échec auront des conséquences durables dans l’environnement.

Pour l’heure, je vois un dilemme : d’un point de vue strictement technique, il y a le potentiel d’un bon trade spéculatif, plus rémunérateur que celui de miser “simplement” sur le Bitcoin, dans la perspective de jouer le prochain cycle de marché. D’un point de vue fondamental, pour une perspective d’investissement moyen/long terme, Ethereum va devoir relever des défis de taille dans un contexte de marché en train évoluer. Et je suis dans un certain scepticisme quand je vois ce que propose la concurrence, pas tant dans le fond, mais d’abord dans la forme.

Analyse du contexte technique : LE trade de la prochaine phase haussière ?

D’un point de vue strictement technique, nous savons désormais que l’Ether produit, à mouvement haussier égal avec le Bitcoin, une amplitude en pourcentage plus élevée. Petit exemple comparé de vagues de hausses entre le Bitcoin et l’Ethereum.

C’est suffisamment clair ? 😉

Pour ceux qui ne s’intéressent pas spécialement au marché des alts, peut-être qu’il y aurait tout de même l’opportunité de considérer l’Ether, toutes choses égales par ailleurs.

D’un point de vue du contexte technique hebdomadaire, $ETH me paraît simple à analyser. Ma conclusion tient en une formule : une folie vendeuse, une claire situation de survente. Il a fait -95% depuis son sommet… Autrement dit, pour ceux qui croient un minimum à la survie dudit token dans l’univers, vous avez une décote incroyable. Il est plus vendu que le Bitcoin et possède un potentiel de gains plus important.

Analyse technique du contexte hebdomadaire

A l’heure actuelle, on voit deux supports crédibles : dans la zone 80–85$, puis autour des 40$, une zone de consolidation historique. En fait, dans une perspective hebdomadaire, c’est pas compliqué à comprendre : tous les replis baissiers qui se font entre 85$ et 40$ s’achètent.

Un 1er élément vise à me conforter : lorsqu’on a passé le cap des 100$, les volumes sont arrivés dans une proportion exceptionnelle : tout simplement, on a atteint le record hebdomadaire, et cela fait quasiment un mois que l’on a une constance dans cette pression volumique.

Pour le moment, on voit que la zone des 80–85$ a fortement réagi. C’est possible que dans une ultime phase d’épuisement, ou encore une situation de panique, on aille chercher le support des 40$.

En fait, c’est un cas d’école de ce qu’il se produit en fin de marché bear, lorsque le marché se met d’accord sur une valeur d’équilibre : des volumes énormes, les plus gros depuis l’existence de l’actif. Cela veut dire que la plus grosse partie de la capitalisation flottante est en train de passer dans les mains d’acheteurs de long terme. Et on peut soupçonner que de la bonne grosse smart money est en train de se positionner.

Si la demande revient, les prix vont grimper d’autant plus de manière explosive que les acheteurs se manifesteront en masse, puisqu’une grande partie de l’offre sera déjà possédée. Le bête jeu d’une grosse demande et d’une offre plus rare.

Chelou la chart hein !

Regardez tout simplement cette chart : vous pouvez presque trader avec seulement avec le principe des volumes exceptionnels. Amusez-vous à prendre les dates, puis regardez ce qu’il s’ensuit.

Du coup, c’est le moment de la fameuse question : “Target sir ?” Voici :

Je pense qu’on peut spéculer sur le principe d’un simple retracement Fibonacci de la dernière vague baissière, et le principe du “disbelief rally”. Cela prendrait la forme d’une phase haussière de quelques semaines/mois, impulsive, dont l’objectif est d’aller chercher l’un des trois fibos tracés en rouge. Le but : #célarepriiiz #altseason #VIPtelegram, avant de REKT à nouveau le marché, pour le convaincre en fait que ce n’était qu’un “dead cat bounce”.

D’un point de vue de la théorie Elliottiste, cela pourrait prendre la forme d’une impulsion en un grand ABC correctif. Ou alors, 5 vagues classiques, dans le cas où on entame le bull market, ou un mix des deux, façon “leading diagonal”, un cas de figure haussier pervers avec des impulsions tendancielles en trois temps. En tout cas, une structure bien brouillonne, mais qui en réalité cache une vague spéculative qui annonce les prémices du prochain super-cycle haussier ! Je pense que techniquement, on peut considérer l’Ether comme la crypto de contre-vérification du prochain bull market. Le Bitcoin pourrait se reprendre tout seul, et laisser les alts sur le carreau. Mais si l’Ether se reprend, cela signifiera le retour des capitaux dans les alts.

Par contre, ne me demandez pas le timing. On pourrait repartir dès les prochaines semaines, tout comme ça pourrait mettre 2 ans à se réaliser après une grosse traversée du désert. Le timing, c’est la variable la plus compliquée à déterminer en matière de spéculation.

On peut ainsi tabler sur l’idée d’un gain de pourquoi pas 500% du fin fond du bear market aux grosses cibles. Pas mal non ? ça permet d’effacer toutes les bêtises de trading du dernier cycle hein ? 😜

Pour moi Ethereum, c’est un pari spéculatif sans risque. Enfin, sans risque dans la perspective des cryptos quoi. Autrement dit, une folie conventionnelle. Mais un peu moins folle pour les amateurs de “high risk, high reward”.

D’un point de vue technique, si nous avons assez d’arguments pour spéculer sur le scénario d’un beau mouvement de hausse de l’Ether, qu’en est-il dans une perspective d’investissement ?

Je ne suis pas technicien, je ne saurai pas me prononcer sur la pertinence de la technologie en elle-même. Par contre, le marketeux d’origine que je suis identifie ce qui se passe AUTOUR du projet, et certaines p’tites choses me font douter d’un investissement à moyen/long terme dans un Ethereum qui va entrer dans une nouvelle phase du marché des plateformes “smart contract”. Et c’est ce point de vue que je vous propose de développer ici.

L’Ethereum entre dans une nouvelle période : la fin de son monopole de fait

Jusqu’à présent, c’était facile pour Ethereum : un monopole de fait, puisque c’est tout simplement le porteur au grand public de la première solution smart contract fonctionnelle, et de fait le créateur dudit marché. Elle a été validée par une 1ère vague d’adoption de l’innovation, ainsi que par les spéculateurs, qui lui ont apporté une capitalisation énorme et l’ont propulsé dans le top 3 de manière indéfectible. Aujourd’hui, ce marché est en recherche d’un “rythme de croisière”. Ethereum s’affranchit petit à petit des turpitudes du Bitcoin et commence à tâter le terrain pour trouver une valorisation propre, chose qui se fera très probablement dans le prochain cycle économique des cryptos.

Dans cet article, j’expliquais une théorie en matière de marketing high-tech, le “chasm”, qui est le moment où une solution technologique connaît un abandon massif parce qu’elle s’avère ne pas être fonctionnelle lors du passage à une première adoption de masse, alors qu’elle a démontré son potentiel dans une phase d’adoption par les “connaisseurs”.

Jusqu’à présent, l’écosystème des cryptomonnaies s’est structuré autour d’un des standards de l’Ethereum, les “tokens ERC-20", qui servent pêle-mêle de support à quelques projets très sérieux et majoritairement de grosses shitcoins. Mais la donne a aujourd’hui changé, la concurrence est là, et elle est prête à en découdre avec la sortie de ses mainnets courant 2019. NEW PARADIGM.

Aujourd’hui, j’identifie un double défi pour le système Ethereum :

  • déjà, chose pas aisée : tenir sa promesse client, celle d’être une blockchain publique prête pour un usage de masse, sûre, accessible, avec un “scaling” adapté ;
  • établir une stratégie en direction du client, et adopter une approche “friendly user” pour conserver sa part de marché.

Point positif : le travail continue sérieusement pour les créateurs. Ils sont en train d’y apporter des évolutions visant à augmenter les cas d’utilisations, optimiser le code, et passer dans des systèmes de minage plus efficients. Ils sont véritablement novateurs et font sérieusement évoluer leur système. Mi-janvier, sera (normalement) adoptée la nouvelle version du système, “Constantinople”.

Vers une difficulté de résoudre la problématique de la scalabilité à cause des intérêts du minage ?

Un risque de la pérennité de la chaîne s’est révélé dans les récentes discussions à propos du déploiement de la prochaine version du système, et surtout dans la manière dont elles se sont déroulées. Elle devait s’effectuer initialement en octobre, a été repoussée en novembre, puis mi-janvier. Le compromis a été trouvé il y a quelques jours ; cette dernière échéance devrait tenir.

De ces discussions, on peut percevoir une influence certaine des intérêts pécuniaires. Les développeurs semblaient éparpillés, et les meetings m’ont semblé noyautés par lesdits intérêts. Les propositions relatives à l’implémentation de la “difficulty bomb”, de la réduction de la récompense et d’un algorithme “ASIC resistant”, bref tout ce qui concerne les intérêts pécunaires, ont été repoussées. L’excuse officielle du “c’est pas encore bien prêt” semble un peu vague… Il semble ainsi s’établir un rapport de force entre les intérêts du minage et les orientations stratégiques des développeurs.

C’est à mon sens l’un des soucis du mode de gouvernance décentralisé, lorsqu’il s’agit de développer un projet : chacun y va de ses convictions, de ses intérêts, les réunions peuvent être noyautées et il peut se passer énormément de temps avant d’arriver à un consensus. Chercher le compromis d’intérêts divergents plutôt que de prendre la grande décision destinée à orienter le projet, peut être fatal à l’aboutissement d’un produit pérenne. Pendant ce temps-là, la concurrence avance.

Aujourd’hui, Ethereum se retrouve dans une équation difficile à résoudre : devoir faire évoluer le projet pour passer l’étape de l’adoption de masse, sans pour autant se fermer aux grosses unités de minage, sans qui l’étape de la scalabilité adaptée à un usage de masse n’est possible, et tout cela au moment de l’entrée en scène de la concurrence avec des produits fonctionnels.

L’écueil de ces divergences ? Un nouveau split de la chaîne sur fond de désaccords, qui résulterait probablement dans une décrédibilisation du système Ethereum. Les projets qui se perdent de splits en splits, le marché n’aime pas ça en ce moment. Si cela fonctionne en phase haussière, où les gens achètent n’importe quoi, dans un contexte de bear market où les gens sont très sélectifs, c’est pas la même. Cela peut engendrer une dilution de capitalisation fatale, au point que les projets qui se financent actuellement avec un trésor de guerre en Ether se retrouvent dans une difficulté de trésorerie fatale.

Plus que jamais, Ethereum a besoin de pérennité et de stabilité pour aborder la nouvelle ère qui s’ouvre. Qui va vouloir travailler de manière durable avec un système pris dans des rapports de force, avec la menace de déconnexion de pools de minage, de chaînes qui splitent et de token qui perd sa valeur ?

Et si Ethereum “passait à coté” de son marché ?

Soyons francs, ils ne savent pas se vendre. Ils sont focalisés uniquement sur le développement, la perfection de leur système, sans vraiment s’intéresser à ceux qui doivent l’utiliser à l’avenir. Ils sont dans une logique “associative”, ils capitalisent sur le succès de la solution en elle-même, là où la concurrence “professionnelle” arrive, avec de vrais experts de la “mise en marché” d’une solution technologique. Et un projet qui n’a pas de but, pas de cibles définies, c’est prendre le risque de créer une magnifique licorne qui sera récupérée, ciblée par l’une où l’autre organisation qui elle, a des buts.

La concurrence multiplie les démarches commerciales, les meetups, et autres événements incentives pour présenter leur solution et commencer à les faire tâter par le marché afin avoir un retour d’expérience. Ce n’est pas un hasard si par exemple Zilliqa ($ZIL) recrute une ancienne responsable marketing de Google. Ils se font connaître dans l’environnement, ils développent des réseaux, professionnels, financiers, juridiques, etc... On pourrait citer également Vechain ($VET) qui me semble être l’un des meilleurs élèves de l’environnement en ce sens.

L’une des conséquences de ne pas s’intéresser à ses usagers, et donc à leurs capacités et besoins, c’est que Ethereum pourrait devenir quelque chose de trop compliqué à utiliser en regard des autres solutions, dans le cadre d’une utilisation de masse. Je vous rappelle un principe : utilisation de masse = pratique, simple, basique.

Il faut une véritable expertise pour coder sur le système Ethereum, ce n’est pas “friendly user”, là où d’autres projets sont pensés pour cela, par exemple en ayant le souci d’un langage simple à coder, créent des outils natifs de développement afin d’exploiter au mieux le système, proposent des matrices, mettent en place des services de supports avec des experts répondant aux diverses problématiques et assurant un suivi de projet.

En marketing high tech, c’est l’offre qui crée la demande. Si on ne va pas vers les usagers, en leur facilitant la vie, en leur proposant des fonctionnalités leur permettant de saisir tout le potentiel du produit, c’est se compromettre. On doit partir du client, et s’adapter à lui. Ce n’est pas à lui de comprendre et apprivoiser le génie d’une solution, surtout quand des propositions alternatives arrivent en masse. #Astucedepro : vous pouvez éliminer un projet qui ne propose pas d’ores et déjà des opérations de découverte, de prise en main, et qui ne mène pas des navettes de discussions avec ses prospects, aussi génial qu’il soit dans l’idée.

Un exemple qui va parler à tous : quelle aurait été l’adoption de masse des ordinateurs Apple sans la suite Adobe ? Celle-ci a permis à Apple de se différencier de l’écrasant Windows, en offrant une solution complète de création, et ainsi UN USAGE CONCRET permettant d’apprécier le produit. C’est pour ça que les Apple ont encore la vie dure chez les communicants et autres graphistes.

Pourquoi développer une stratégie marketing quand on porte un tel t-shirt en plein colloque international ?

L’avantage d’être atteint du syndrome d’Asperger : on est un génie de l’informatique et on est capable d’apprendre à parler couramment Chinois en quelques mois. L’inconvénient, c’est qu’on n’a aucune considération pour le marché, le marketing, la concurrence stratège, les costumes 2 pièces, la rationalité quoi (en tout cas, respect et déférence pour Vitalik Buterin, qui est probablement l’un des grands innovateurs du game).

Ethereum pourrait se trouver dans une demi-réussite, voire dans l’échec, tout simplement parce que les créateurs ne font pas l’effort “d’aller chercher” l’usager, comptant sur la fausse bonne idée qu’ils sont tellement innovants et pionniers que les utilisateurs vont venir par eux-mêmes. Un bon produit high-tech a besoin d’une politique marketing et commerciale, afin de faire se rencontrer les solutions apportées par l’offre et les besoins de la demande. Ainsi, il pourrait ne pas rencontrer son marché d’usagers, lorsque l’heure sera venue d’utiliser les Dapps. Il pourrait se faire “griller la politesse” par une concurrence stratège, qui arrive avec une solution plus efficiente, plus pratique, et surtout avec une vraie politique marketing et de mise sur le marché. En fait c’est mon interrogation principale : je me demande parfois s’ils ont réalisé qu’en ayant apporté une innovation, ils ont ouvert un marché, avec toutes les logiques que cela engendre.

Bon, on ne va pas être tout noir, ou en mode #célafin. Ne caricaturons pas. Je n’envisage même pas l’idée de jours sombres pour Ethereum tellement l’univers est novateur, mais l’investisseur avisé anticipera l’idée que les parts de marchés peuvent tout simplement se redistribuer. Je persiste à croire que le gros coup à faire dans le prochain cycle de marché, ce sera de trouver le ou les quelques projets qui vont réussir à s’imposer comme de sérieux concurrents de l’Ethereum, à la lumière de tout cela.

CONCLUSION

L’Ether, c’est probablement une excellente opportunité spéculative dans le contexte d’une future reprise du marché crypto, au meilleur rapport risque/rendement que d’investir seulement dans le Bitcoin himself : c’est “l’autre crypto crédible”, clairement survendue, fortement recherchée par les acheteurs sur les supports. On peut même soupçonner que la “smart money” est en train d’en acheter en masse. Cela devrait produire au minimum un retracement haussier du simple fait de l’assèchement du carnet d’ordre. C’est maintenant notoire que lorsque le maître Bitcoin déclenche des tendances, c’est l’Ethereum qui profite d’une plus forte amplitude en pourcentage. On peut même compter sur le fait qu’il puisse aller refaire un tour a +1000$ pièce, si l’on retrouve un cycle haussier pérenne.

Mais est-ce que c’est une bonne idée d’investissement ? Va-t-il atteindre ces fameux prix “à 4 chiffres”, et surtout, s’y installer de manière durable ? Je suis beaucoup plus réticent. Ethereum entre dans un nouveau contexte de marché, avec une concurrence qui est désormais prête à en découdre avec des solutions qui, si elles sont au moins aussi performantes, sont en tout cas mieux promues. S’il a toutes les capacités de rester un grand projet, le jeu pourrait se redistribuer à son détriment, abandonnant des parts de marchés conséquentes à la concurrence.

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