Le RSI, l’indicateur technique maître (et surtout pourquoi vous devriez vous en tenir qu’à lui)

Maxime Loves Cryptos
18 min readDec 23, 2019

Démarrons cet article par un petit plongeon dans les souvenirs de votre début en trading.

Vous découvriez alors les cryptos et l’opportunité d’y gagner de l’argent. La technologie, balec. Du moins dans un premier temps. Aujourd’hui vous l’adorez, vous avez compris son potentiel disruptif.

“Came for the money, stayed for the technology”. CryptoFitGirlRandom

Cela vous a nécessairement conduit à vous intéresser aux principes de base du trading, de l’analyse technique, et ainsi, de la lecture des bougies, le chartisme, les volumes, etc… Et puis, vous avez découvert tout un monde sur votre plateforme d’analyse préférée : les indicateurs.

Vous découvriez alors l’immense bibliothèque, à la recherche de « cet indicateur qui fera la différence ». Vous savez, ce fameux indicateur « pas trop utilisé par les autres, et qui fournira LE signal. » Vous parcouriez, parcouriez, parcouriez… Ah ! Vous avez peut-être quelque chose… C’est fondé sur la balance relative de volume, sur la volatilité implicite de la Bollinger, ce truc dont parle souvent Maxime, mon leader d’opinion préféré du moment et qui lui semble importante. Vous avez lu la définition sur un site généraliste, vous avez backtesté (passé 15 minutes sur 5 altcoins randoms quoi). Les divergences ont l’air de coller. A ce moment là, votre fond psychologique : « j’ai la pression de vite faire ça, car le marché monte tellement vite, je ne veux plus rater d’opportunités ».

Au bout d’un petit moment, surtout gavés par le fait d’avoir 4 indicateurs sur la chart, vous vous êtes décidés : c’est bon, vous l’avez, cet indicateur miracle ! Il s’appelle souvent le StochRSI, le OBV, le MFI, le EFI, ou le XTRAKroKroDil (croisement de 4 moyennes mobiles random), crée par Gigidu34 à 5,99€ par mois sur XXXView. Les plus littéraires auront choisi un indicateur aujourd’hui obsolète, découvert à l’occasion d’une 1ère lecture d’un livre relatif au trading.

Bon, au fond de vous, vous savez bien que vous ne savez qu’à peine le lire, mais tant pis. Le « backtesting »/le mec sur Twitter /le hasard complet vous servira d’attestation sur le fait qu’il fonctionne.

Et d’ailleurs, vous exposez fièrement sur Twitter votre « gem », en soulignant bien la divergence de votre « indicateur miracle ». Sur ce seul argument, vous avez pris le trade.

Pouah, le marché a décollé l’après-midi même ! Trop fort ! Vous êtes serein, vous partez faire un tour. Vous revenez devant l’ordi plus tard… Et le marché est déjà à -8% de votre point d’entrée ! Vous ne retrouvez jamais votre prix. Vous sortez en perte, ou vous décidez de commuter votre trade en « investissement », parce que finalement, vous constatez que les fondamentaux sont pas mal en fait (le bon gros biais psychologique de l’accommodation face à une situation désagréable).

Vous répétez l’opération cinq fois… Et puis vous renoncez. Mais qu’est-ce qu’il s’est passé, pourquoi ça marche pas/plus, puta*n ?

Encore une fois, l’explication est psychologique !

En fait, vous avez juste utilisé « l’indicateur miracle » pour accommoder vos biais et vos croyances face à une situation !

Vous n’avez pas utilisé l’indicateur pour ce qu’il dit d’une situation présente. De toute façon, vous n’avez pas vraiment la méthode pour l’exploiter. Vous le faites selon des généralités que vous répliquez partout, du genre “les divergences”. L’autre biais, ce n’est rien d’autre qu’un effet classiquement connu en marketing : la recherche de l’avantage concurrentiel rapide, comportement naturel de l’opérateur dans les environnements de marché aux évolutions constantes et/ou nouveaux.

C’était ça en fait que vous recherchiez à travers les indicateurs. L’avantage tactique. Rien d’autre, puisque vous n’y compreniez pas grand chose intrinsèquement.

Bon… Vous avez fini par admettre que ça allait être plus compliqué que ça le trading… Vous revenez dans la réalité. Et là, vous en êtes à l’étape où vous avez laissé tomber votre batterie d’indicateurs. Tout au plus, vous avez gardé le RSI, parce que celui là, tout le monde semble l’utiliser, et vos leaders d’opinions préférés semblent finalement toujours y faire référence avec une certaine constance et des résultats probants.

Utilisons la psychologie de l’indicateur technique à notre avantage

Avant de s’intéresser aux indicateurs eux-mêmes, il n’est pas inutile de s’intéresser à la psychologie qui les entoure. On a donc compris qu’il ne fallait pas chercher l’avantage sur les autres avec un indicateur. Que peut-on rechercher alors ?

Il faut adopter la démarche inverse en fait : utiliser l’indicateur comme un représentant de la foule !

Il vaut mieux ainsi utiliser ce que tout le monde utilise, voir ce que tout le monde voit, tirer les conclusions que tout le monde tire… Pourquoi ? Parce que dans l’environnement des marchés petits et moyens, les catalyseurs ne sont bien souvent rien d’autre que de grosses prophéties auto-réalisatrices !

Dans cet environnement, les gens qui semblent avoir trouvé la poule aux oeufs d’or, sont en réalité peu expérimentés et ont tendance à une forte reproduction de ce qu’ils découvrent sur les réseaux. Vous la voyez bien toute cette masse de charts sur Twitter, à la recherche de LA divergence 1h sur le Stoch RSI, LE fameux triangle de compression qu’un enfant de 2 ans qui sait aligner les cubes et les boules entre eux saurait dessiner sur la chart, et autres « golden cross » de moyennes mobiles (qui n’intéressent que les Youtubeurs parce que tout le monde a lu ce terme quelque part et que du coup ça fait une bonne accroche pour leur titre).

On cherche ainsi à maximiser la probabilité des prophéties auto-réalisatrices, pas à être plus malins que les autres. On cherche à lire des foules en trading, donc il faut disposer de ce que la foule utilise le plus, et des indicateurs qui visent à analyser les rapports de force. Et la foule c’est quoi dans un marché ? Des acheteurs et des vendeurs qui se disputent. Donc le RSI, qui affiche le rapport de force relatif, est tout indiqué !

Voilà pour l’aspect comportemental. Place aux indicateurs en eux-mêmes.

Quelques principes généraux

PAS de trade justifié sur la seule base d’une « indication » !

Un indicateur… Bah il indique ! C’est tout ! En aucun cas, il ne doit servir à servir à justifier un trade sur sa seule indication. Ce qu’il indique doit servir d’argument à une analyse plus globale, il ne s’auto-suffit pas. Comme dans la vie, vous prenez une décision après avoir passé au débat contradictoire un maximum d’arguments, pas sur un seul coup de tête dans un état d’esprit à moitié frivole.

Comprendre ce qui constitue l’indicateur

C’est une évidence qu’il convient d’écrire : n’utilisez que ce que vous comprenez ! Et pourtant, combien mettent de l’argent sans comprendre vraiment ce qu’ils font… Cela revient à parier, ce n’est pas une démarche de trader que de mettre de l’argent sans argumentaire construit.

« Ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement, et les indicateurs pour l’analyse technique s’exploitent aisément », comme le disait Nicolas Boileau lorsqu’il expliquait ses sessions de trading en interviews.

Vous ne devez utiliser seulement les indicateurs dont la composition vous fait sens, dont vous avez compris la formule mathématique et ce qu’elle est censée éclairer. Mais vraiment ! Tant que vous n’y comprenez rien, vous vous en tenez au standard ! Vous refuseriez de vous faire vacciner, sur la base d’un partage Facebook de « l’expérience » d’un type qui consiste à démontrer que tel vaccin contient du monoxyde de dihydrogène et que c’est dangereux !? C’est seulement l’incompréhension qui fait sonner de manière « choc » la formule. Quand vous la comprenez, vous avez juste envie de rigoler. Donc sans compréhension de la « formule de l’expérience », on évite de prendre pour argent comptant ce que montre un indicateur. Ou un post Facebook.

Cumuler une batterie d’indicateurs

On évite les « batteries d’indicateurs ». C’est un refuge mental. On se rassure en ayant sous les yeux tout plein d’indicateurs, un peu comme si on était en train de piloter un avion, et qu’on avait besoin de connaître le moindre fourmillement de l’appareil. Finalement, on se sature d’informations (qu’on comprend pas trop), on fait des liens douteux, et l’on finit par s’y perdre. Et surtout, cette batterie d’indicateurs procède le plus souvent de la même information : le prix.

Déterminer un signal de trading seulement sur la base d’un ou plusieurs indicateurs relatifs au prix

Vous pouvez avoir cinquante indicateurs, mais s’ils ne restent que différentes variantes de traitement du prix, ça n’en n’apprend pas plus de l’état du marché que de l’ordre de la nuance. Donc, il s’agit de choisir un ou deux indicateurs couplés (qu’on lira comme une seule info d’ensemble), et de s’y tenir. L’essentiel est de savoir, « au fond », ce que l’indicateur indique, la petite nuance informative qu’il apporte et qui vous permet d’affiner votre analyse.

Si vous voulez vous enrichir d’indicateurs, une bonne conduite consiste à chercher ceux qui traitent d’informations différentes que le prix d’un marché. Par exemple, les volumes, le temps, la cyclicité, etc… Mais là, on est dans un niveau plus avancé, on perd sans doute la plupart des lecteurs ici…

C’est pour ça qu’on va se contenter de parler de l’indicateur que vous devriez choisir par défaut : le RSI.

Le RSI : un outil qui colle au plus près de ce qu’on cherche à comprendre d’un marché : la représentation du rapport de force acheteurs/vendeurs.

Le RSI, le fameux « Relative Strength Index », sert à analyser les prix d’un marché de sorte à déterminer le rapport de force entre les acheteurs et les vendeurs.

Sur un site internet généraliste, on le définit de la sorte :

• repérer la puissance d’un mouvement (indiquer si le mouvement s’essouffle) ;

• indiquer si l’on est en situation de surachat ou de survente.

(source : copier-coller de Wikipedia, comme la formation « en route vers le succès et les jolies filles de l’Est » à 899€ de ce Youtubeur maintenant millionnaire et qui veut partager son secret)

Il y a deux approches d’utilisations classiques du RSI :

  • la recherche des cycles et des moments de retournements (le jeu des surachats surventes/divergences)
  • Établir une « photographie » de l’état du rapport de force

Petit disclaimer : on n’ira pas plus loin sur les concepts de base, ni sur l’explication de la formule, etc… On trouve ces infos là partout, et ça ne ferait progresser en rien l’article.

Si vous connaissez généralement la première approche, c’est cette seconde qu’on va développer ici. Et se priver de celle-ci, c’est passer à coté de 70% de l’usage du RSI !

Ce qui va suivre, ce n’est jamais que mon approche et ma considération de cet indicateur, fort de mes lectures et de mon expérience. C’est évidemment discutable, mais le but de cet article est de vous faire passer une idée générale : savoir relativiser sur la question des indicateurs et améliorer votre compréhension de ce superbe outil « at a glance » qu’est le RSI.

Les « divergences », c’est bien, mais c’est utiliser 20% du potentiel du RSI

Le poncif de base : RSI = concept des « divergences ».

« C’est M. Welles Wilder qui l’a dit lui-même, c’est toute la force de l’outil que de repérer les divergences », comme on peut souvent lire dans les articles de vulgarisation. Heureusement que leurs auteurs ne l’ont pas lu pour proférer cette vérité générale sans pression… C’est le genre de trucs qui a dû être écrit un jour quelque part et qui s’est répandu de copier-coller en copier-coller.

Mais pourquoi ce tel succès des divergences ? C’est un concept simple, facilement accessible avec une mise en application rapide. En 10 minutes on a compris le principe. Donc c’est le truc parfait pour le vendeur de contenus. Pour le vrai trader, un peu moins.

On va prendre l’angle critique de savoir comment mettre en perspective les divergences. Les concepts de base, ce qu’on lit partout sur les « types de divergences », régulières, cachées, etc… On ne l’abordera pas ici.

Cassons une autre idée reçue : on se fiche de voir que la divergence soit « très pentue », « plate »… Ce qu’elle montre, c’est que progressivement le camp opposé prend la main. C’est cette info là qui est importante, la « pente » du truc, c’est peu important, et surtout, ça ne présage pas forcément de l’imminence d’un retournement.

Il est plus utile de déterminer « où » elles se situent dans le rapport de force, leur profondeur, sur quelle timeframe elles se manifestent, et si elle prennent place dans un contexte graphique pertinent. L’info d’un indicateur, il faut la mettre en perspective au sein d’une analyse globale, pas la prendre pour argent comptant.

Par exemple, dans le contexte d’un range : plutôt sur une borne, ou vaguement entre le milieu et le haut ? Sachant qu’on ne trade que les bornes et la médiane d’un range, si elle apparaît sur une borne, on peut interpréter un essoufflement de tendance. Si elle se produit dans une zone d’errance, sans tendance, on relativisera cet essoufflement, on attendra d’en savoir plus.

Est-ce qu’elle prend place sur une phase excessive de marché (parabole, éloignement des moyennes mobiles) ? Ou au sein d’en gentil canal ascendant ? On se doute que la divergence que tout le monde voit sur le RSI n’aura pas la même signification à ce moment là. Dans une phase de type “to the moon”, la divergence en surachat ne signifiera pas grand chose.

La divergence présente un potentiel, une probabilité. Pas la prévision d’un événement prochain de manière mécanique.

Le truc que je trouve rigolo, c’est la fameuse « fiche » qui classe les divergences que les twittos grand public publient ponctuellement :

Cette fiche, vous la mettez à la corbeille direct.

Du coup, elle induit une idée erronée dans la tête des gens : plus la pente est marquée, plus c’est un fort argument. LAULE. Ces fiches qui qualifient les « divergences, de classe A/B/C », par la seule explication de la pente…

…Les types se seraient appuyés sur la classification des extincteurs pour la réaliser que ce serait pas étonnant.

Les divergences, c’est donc très bien de les constater : elles indiquent la prise en main progressive potentielle du marché par la partie adverse. Mais relativisez-les. Placez-les en perspective par rapport au reste. Arrêtez vos panic buy/sell parce qu’elles se créent en zone extrême et sont très pentues, un peu comme les gens en panique devant un feu et qui prennent le 1er extincteur venu pour l’éteindre… L’avantage en trading, c’est que vous pouvez vous abstenir d’intervenir quand vous n’êtes pas certain, il n’y a pas d’urgence.

Maintenant, on va défoncer le concept de la zone de surachat/survente.

La zone de surachat/survente : 10% du RSI

Avec l’expérience, s’il y a bien un truc que je trouve bien peu significatif, c’est la fameuse zone de surachat/survente.

Déjà, c’est une notion totalement mouvante et subjective. Un même marché aura des « surzones » différentes en fonction des cycles. Et dans des marchés puissamment en tendance, l’indicateur résidera constamment dans ces zones là, sans que ça vous donne une indication sur une probable saturation. Si vous voyez un marché faire +100% et avoir un RSI en surachat… Merci, mais il n’y a pas besoin d’un indicateur pour voir qu’il y a une p*tain de tendance, il y a juste à regarder la balance du compte. Et bon courage pour pointer le retournement grâce au RSI dans ce genre de pumps.

C’est un peu comme la zone rouge du compte-tours d’une voiture. C’est juste une indication qu’on est dans un moment où il faut envisager une transition, pas que le moteur va péter de manière imminente.

Pour ma part, elle est par défaut fixée à 75 et 25. Mais elle évolue au gré des cycles de marché, il faut savoir être souple avec. C’est pour ça qu’elle n’a pas tant d’intérêt que ça, sinon montrer que ça commence à chauffer. En fait, surachat ou pas, c’est comme sur le graphique : ce qui compte, c’est d’en déterminer les résistances, les supports, les errances, et les signaux de retournement. Peu importe si c’est dans une arbitraire zone de « surquelquechose ».

Alors maintenant, faites-vous en la promesse : vous ne serez plus émoustillés par un RSI divergent en surachat comme si c’était LE signal, et arrêter ce short systématique en réaction.

Le concept de la zone de neutralité, 70% du potentiel de l’outil

Maintenant, place à ce qui est l’indication majeure du RSI : la zone de neutralité, et ce qui en découle, les zones acheteuses et vendeuses. En fait, les sites généralistes en ont fait un indicateur de l’extrême pour le grand public, alors qu’il est bien plus intéressant à exploiter pour sa centralité.

Sur un « indicateur borné », tel le RSI, tout l’intérêt de l’indication est la « place du trait » par rapport à la valeur 50, la neutralité absolue. On recherche a signifier qui tient le marché, dans quel rapport de force par rapport au camp opposé. Et tout part de la neutralité, du point zéro, où ni les acheteurs, ni les vendeurs n’ont la main, pour déterminer ensuite qui prend la main sur l’autre et de quelle manière.

Le plus intéressant, c’est ainsi la « spatialité » de l’indicateur. C’est à dire, de constater « où », dans quelle zone se situe le trait, ainsi que le comportement de ce trait dans une zone donnée. En fait toute la puissance du RSI, c’est de donner une photographie du rapport de force présent. En un coup d’oeil, on a une représentation d’où il se situe.

La « spatialité », c’est quoi ?

Il faut découper le RSI en 3 zones :

  • zone de domination acheteuse (théoriquement entre 55 et 100)
  • zone de domination vendeuse (théoriquement entre 1 et 45)
  • zone de neutralité ( théoriquement entre 45 et 55, avec 50, le nombre de la neutralité absolue)
La “spatialité” du RSI
  • En gris : marché neutre/ consolidation
  • En rouge : marché à domination acheteuse
  • En vert : marché à domination vendeuse

Bien sûr, c’est à vous de repérer quels nombres délimitent les zones. Gardez en tête le principe évolutif des marchés. A vous de déterminer quelles zones servent le mieux de limites. On adapte l’indicateur. Be Water

Et maintenant, LE graphique à étudier. Tout est dessus pour comprendre l’utilisation du RSI, à partir d’un actif que vous avez sans doute tradé en 2019 : le $BNB. N’ayez pas peur du fait qu’il soit chargé, prenez tout le temps qu’il faut pour le disséquer. 🙂

Vous avez maintenant compris la quintessence du RSI : montrer l’état du rapport de force, qui a la main et dans quelle mesure par rapport au camp opposé. La divergence et les zones surachat/survente ne viennent que ponctuer la lecture d‘un cycle de marché. La plupart du temps, la principale info à tirer est la lecture de la polarité.

Comment déterminer ces zones neutre/acheteuse/vendeuse alors ?

On part de l’indication absolue d’un indicateur borné : la zone de neutralité. Elle est à 50. Balle au centre. On est dans le rond central, à équidistance du but de l’adversaire. Le plus souvent sur votre plateforme d’analyse, il vous faudra tracer manuellement le trait des 50.

Vous partez du cycle de marché précédent de votre actif, idéalement la phase de range, où il tortille entre les MM 20 et 50 et vous regardez son effet sur la phase de tendance. En fonction, vous commencez par déterminer la zone de neutralité et la faire corréler quelque part entre 40 et 60 (au plus) en réglant la périodicité du RSI. Tendez à cadrer la zone de neutralité au plus précis possible entre 45/55.

Et ensuite on lit l’info : comment le marché se comporte-t-il par rapport à la neutralité absolue ? Est-ce qu’il est plutôt entre 40 et 50, ou plutôt entre 50 et 60 ? Qui commence à gagner l’autre ? Qui réussit à consolider sa position ? Plus le RSI reste au-dessus/en-dessous du 50 dans un marché neutre, plus la probabilité que le prochain mouvement soit acheteur/vendeur. Un rebond sur 50 montre bien que les tenants actuels de la tendance conservent la main.

De l’établissement de la zone de neutralité, découlera naturellement les zones de domination acheteuse/vendeuse. Après, c’est de l’analyse graphique classique : on regarde la tendance, les consolidations, les replis, les compressions/extensions, etc…

Quid de la périodicité du RSI ?

Vous avez compris, c’est à vous de la déterminer par rapport au comportement de la neutralité. On privilégie les périodicités longues dans cette approche d’utilisation du RSI, au minimum le standard à 14, pas en-dessous. Sinon, il devient trop volatil, et ici, on cherche à déterminer la dynamique de fond, donc on lisse le signal.

Mon biais personnel, c’est la suite Fibonnaci, qui je trouve répond très bien sur les marchés cryptos. C’est pour ça que j’utilise des nombres assez « psychorigides ». Soit 14, soit 21, parfois 34. Après, à vous de voir, si vous estimez qu’un RSI 16 ou 23 fait l’affaire, allez-y ! L’essentiel est de donner toute son importance à la zone de neutralité, pour pouvoir ensuite déterminer avec une bonne confiance les moments de tendance où les acheteurs/vendeurs ont la main. Mais ne vous prenez pas trop la tête, par défaut, restez à 14. C’est la période universellement reconnue. Pour le Bitcoin lui-même par exemple, c’est celle qui (à mon avis) colle le mieux.

Mais après, encore une fois, il faut rester souple, rectifier le tir à chaque cycle de marché. N’oubliez jamais que le marché est un organisme vivant, avec ses mutations, ses maturations et ses excès. Comme vous-même, il vit des cycles, qui sont chacun différents, sinon uniques.

Le RSI, un outil d’aide au tracé

Pour finir, étant donné qu’il établit le rapport de force vendeurs/acheteurs, vous pouvez ainsi vous appuyer sur le RSI pour confirmer le tracé de vos repères et confirmer les bornes de vos analyses de contexte et autres systèmes de trading. Par exemple, pour l’analyse en Vagues d’Elliot, le RSI est indispensable pour bien corroborer les vagues.

Mon secret pour sentir le fond d’un marché ?

… C’est de regarder où se situe le RSI de la chart Weekly !

  • Il est en zone acheteuse ? Le fond est acheteur ;
  • En zone vendeuse ? Le fond est vendeur ;
  • En zone de neutralité ? On observe pour voir si les tenants actuels de la tendance consolident et finissent simplement de corriger pour repartir, où s’il sont en train de se faire gagner par la partie adverse.
  • Rebond à partir de la zone de neutralité ? Les tenants actuels de la tendance conservent la main.
  • On passe franchement et durablement de l’autre coté du 50 ? Les adversaires sont en train de renverser le jeu.

Quelques exemples d’utilisation du RSI :

L’utilisation du rebond sur la zone de neutralité pour confirmer la fin d’un mouvement correctif, et un trade pris en conséquence : $ATOM

Le RSI pour cadrer les ranges et repérer les polarités de marché : $XTZ

CONCLUSION

Vous avez maintenant compris que le délire de la « batterie d’indicateurs », le fait de rechercher “l’indicateur miracle”, et autres avantages tactiques sur les autres, ça ne sert à rien. C’est surtout l’expression de biais psychologiques. Une bonne stratégie de trading, elle s’établit sur seulement quelques critères et instruments. Ils auront été éprouvés, backtestés, et utilisables en toutes circonstances. Ils seront souples, facilement « ajustables » selon les mutations du marché, afin de rechercher l’information que l’on veut. Comme lorsqu’on construit un fil twitter efficace : on sélectionne l’info qu’on veut. Rien de pire que d’utiliser un indicateur qui fonctionne dans un contexte de marché, et lorsque celui-ci évolue, devient « inréglable » et finit par donner n’importe quoi.

Lorsque vous êtes en quête de votre indicateur, votre mission est de comprendre « en profondeur » ce à quoi il sert et quelles conclusions vous pouvez en tirer ; ou du moins quels arguments il peut apporter pour étayer votre analyse. Respectez-vous, arrêtez d’utiliser un truc que vous ne comprenez pas par peur de “rater le train”, ou pire encore, appliquer un concept appris sur l’un et le répliquer sur tous les autres. Du genre… La fameuse divergence mise à toutes les sauces !

Améliorer son trading, c’est le plus souvent d’abord travailler ses biais psychologiques. Ensuite, c’est “d’entrer dans le sujet”, apporter sa subjectivité propre qui fait toute la différence dans l’analyse. Et pour cela, nous avons besoin d’outils qu’on comprend au fond. Même les indicateurs qu’on croyait neutres, factuels, génèrent plein de biais indirects sur l’individu. Ne vous mettez pas en quête de « faire la différence ». Cela demande de l’expertise, de l’expérience, de la recherche. Commencez par appliquer ce que vous avez appris à l’école et/ou de vos modèles. Lisez, confrontez, appliquez… Vous verrez ensuite avec l’expérience pour « apporter votre patte ».

Le RSI est ainsi tout indiqué pour devenir votre indicateur par défaut. Et au moins pour ces trois raisons :

  • il y a une large littérature dessus, qui vous permet de l’aborder de plein de manières différentes ;
  • il est utilisé par un maximum d’opérateurs de marché, du trader vétéran de Wall Street à Gigidu34 ;
  • il représente un élément central du marché : le rapport de force entre les acheteurs et les vendeurs, et surtout la domination de l’un sur l’autre.

Bien évidemment, cela ne vous empêche pas de vous mettre en quête d’indicateurs complémentaires. Et pourquoi pas même de créer le votre ! Mais d’abord, l’expérience et la pleine compréhension ! A défaut, pour commencer à construire votre régularité, donc votre pérennité, et in fine votre confiance en ce que vous faites, je vous recommande d’utiliser le RSI, et d’en faire votre indicateur maître.

Avec cet article, normalement, vous serez armés d’un indicateur et d’un usage qui tient la route !

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